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Fans de Vasile Sirli
28 décembre 2009

Vasile Sirli parle de la Main Street Electrical Parade et e Jean Jacques Perrey

Vendredi 06 Janvier 2008 : Vasile Sirli m'accueille dans le studio d'enregistrement de Disneyland Resort Paris. Vasile Sirli est d'origine Roumaine, il est arrivé en France en 1986, il devient en 1990 le Directeur de la Musique du futur parc EuroDisney (aujourd’hui Disneyland Resort Paris).

Il composera également pour des pièces de théâtres et Il a reçu de nombreux prix nationaux et internationaux de musique : des prix de l'Association des Compositeurs Roumains, des prix de Musique de Films, des Prix de La Chanson, des prix à Dresde, Brastislava, Sotch, Tokyo, etc… Etant également compositeur de musique de films, il a travaillé notamment pour Mircea Daneliuc (Glissando), Nicu Stan (Singapore - Grand Prix de la Musique), Constantin Chelba (Astfel - Prix de Musique de Film de l'Association des Compositeurs Roumains), etc… En France, il a composé pour des productions de télévision (52 sur la Une, Seconde B), des films (Un Otage de Trop, Comme des Rois) et le théâtre.

Il est toujours éditeur et producteur pour l'industrie de la musique. Voici donc l'interview à laquelle il a accepté de répondre :

David Fremery :Vasile Bonjour !

Vasile Sirli : Bonjour David

DF : Vous êtes arrivé à DLRP en 1990, à cette époque la, connaissiez vous les musiques de Jean Jacques Perrey ?

VS : Oui, parce que je fais parti de la génération qui, du fait de son age et sa géographie, n'a pas eu les moyens de faire de la musique électronique avec les moyens préparés par les autres; donc il fallait qu'on le fasse nous même en écoutant à la radio ou sur un disque. On se disait "c'est quoi ce son ? ça vient d'ou ?", et après on s'est intéressé de savoir qui était le créateur, parce qu'en général on connaît la musique, mais on ne connaît pas les créateur, on dit "la chanson de Johnny", mais en fait c'est pas lui qui l'a écrite, je parle de la musique, pas des paroles. Nous fabriquions nous même les premiers synthés, les générateurs de sons, ça ne s'appelait même pas synthétiseur, mais générateur de son. On s'est intéressé à savoir qui est le fou qui est derrière cette machine, et donc bien sur qu'on connaissait sa musique, et celle des autres, c'est toute une génération, nous étions fasciné et on appréciait surtout le sens de l'humour parce que, derrière cette musique pour moi, c'était le sens de l'humour, il ne fallait pas se prendre au sérieux, c'est pour cela que j'ai traité ce genre de musique comme un grand éclat de rire et surtout un signe d'intelligence, de « pétillance », ce que les américain appellent le "Sparkling", parce que ça pétille; dans le genre on s'amuse en faisant de la musique, mais en restant sérieux, c'est un peut comme l'humour d'un clown qui est en fait un grand professionnel du cirque, et qui est d'ailleurs le meilleur de l'ensemble. Donc oui, on connaissait sa musique, je veux dire que sa génération et ses copains étaient connus malgré le fait qu'on était derrière le rideau de fer parce que c'était à une époque ou l'on faisait une sorte d'ouverture vers l'occident, et l'ouverture venait par la différence musicale sonore, le style mais aussi les moyens de faire la musique par rapport à la génération ancienne. Et il faut savoir que ce type de musique, ce type de générateur de son qui ont été utilisés par certains créateurs, ont fasciné aussi les compositeurs de ce que l'on appelle la musique sérieuse, la musique contemporaine, et quand je dis contemporaine il ne s'agit pas d'une génération, il s'agit d'un style, et c'est pour cela que pour nous c'était l'application "joyante", un peu gaie, joyeuse, d'instruments qu'on pourrait utiliser par la suite dans la musique symphonique, dans la musique contemporaine. Ca a permis de créer des grandes sociétés qui ont développé les "Moog", les synthétiseurs au japon et aux Amériques, et aussi en Europe, les allemands et les anglais s'y sont essayés, pour ne pas dire les Français également. C'est tout un mouvement de recherche qui venait des années 30 et de la grande exploitation de l'électricité. Donc on connaissait le nom de Jean Jacques, on trouvait que ses créations étaient des miniatures adorables, on trouvait que ça nous donnait l'envie de faire comme lui, comme eux , et on se sentait très proche, d'ailleurs le fait que ma génération et moi ayons connu Jean Jacques et sa musique, est explicable, c'était de la curiosité, c'était quelquechose de nouveau, mais le fait qu'il y a quelques années on s'est vu ici avec Jean Jacques, avec vous même, dans un hôtel du parc Disney, et que la photo que vous aviez fait de nous soit publiée sur Internet *, j'ai été contacté il y a quelques mois par une jeune réalisatrice en Roumanie qui est à l'université du cinéma, car je fais parti de ceux qui sont contactés par la nouvelle génération, et je crois que Jean Jacques aussi soit souvent contacté par la jeune génération; pour un petit court métrage qu'elle a voulu me montrer, ce n'était pas pour lui faire la musique, un film assez rude, assez caustique, plutôt lourd à supporter, juste pour dire que ce n'est pas une rigolade ce que faisait cette réalisatrice qui a 22-23 ans, et elle m'a écrit un Email en me disant "vous devez être ravi de connaître Jean Jacques". Elle a 20 ans, 22 ans et elle connaît la musique de Jean Jacques, donc tout cela pour vous dire que si pour moi c'est explicable de connaître la musique de Jean Jacques parce qu'il fait parti de mon monde, pour une fille qui a une vingtaine d'années, étudiante en cinéma qui a des préoccupation très avance, dire qu'elle connaît la musique de Jean Jacques ça me fait très plaisir, c'est une reconnaissance à travers les générations de ce qu'il a fait et de ce qu'il fait toujours.

DF : Quelles influences ces musiques ont elles eu sur votre vie de compositeur ?

VS : A cette question la, je répond chaque fois la même chose à peu prêt : Je suis très perméable à toutes les musiques, j'écoute avec grand intérêt, je suis un très bon public en ce sens, ce n'est pas un manque de modestie quand je dis ça, c'est une forte modestie, j'écoute avec grand intérêt, et je ne me permets pas de dire que c'est bien ou mauvais sauf si vraiment on manque de charme, parce que ce qui compte pour moi dans la musique c'est l'attirance, c'est une histoire d'amour, ça nous transmet quelquechose, et si ça ne le transmet pas c'est pas bien, ou si c'est trop prétentieux, trop chargé, je n'aime pas. Je ne fais pas mon jugement dès le départ, j'écoute jusqu'à la fin, comme je vois un film, une pièce de théâtre, des fois je me force à lire un livre, même si je n'aime pas dès le départ, parce que j'espère avoir une surprise à la fin, mais malheureusement des fois il n'y en n'a pas ... Mais je reviens sur les critères qui m'ont attirés vers la musique de Jean Jacques, je crois que c'est l'intelligence de la démarche, qu'il y a l'oeil qui pétille, et j'adore ça; il y a le sourire, et j'adore ça, il y a une sorte d'acidité d'esprit qui vient, et il y a aussi la sonorité qui m'attire. Bien sur que dans ma musique il y a l'influence de Jean Jacques, mais il y a aussi l'influence des Beatles, de Abba, de Mozart, de Bethoveen, l'influence de ce que je considère, peuvent être à la base d'une culture musicale aussi large que possible. Il y a certains genres de musique que je n'ai jamais abordé jusqu'à un certain moment, mais j'ai la prétention d'apprendre ça, mais la prétention avec modestie, de bien m'appliquer, parce que le genre de musique que je pratique, et je gagne ma vie grâce à ça, c'est justement de sauter d'un genre à l'autre et d'adapter le langage musical à ce que je voudrais montrer. Ca sera difficile pour moi par exemple de faire de la musique dodécaphonique seulement parce que aujourd'hui j'ai envie d'écrire du dodécaphonique, par contre si j'aborde un sujet dont le style est de ce type de musique et adaptable et ça correspond, j'utilise cette technique. Si je commençais à écrire de la musique, je ne pense pas que ça serait un Hard Rock pure et dur, sauf si le cinéma, pour le film, le projet pour le quel je travaille, une expo ou quelquechose comme ça, ça m'aide, je l'applique. C'est pareil pour la musique électronique, pareil pour la musique répétitive, la musique minimaliste, parce que Jean Jacques et son époque entre pour moi dans ce type de musique minimaliste, extrêmement précis et très rigoureux; Les allemands aussi avaient une forte tradition dans ce type de musique et dans lesquelles se mélangent la répétitivité, les sonorités, la sonorité pour laquelle je répète acide, mais si je commence à écrire pour moi même, je pense que je ne ferais pas ça, ni ça, ni à la manière de Mozart, de Tchaikovsky ou de Richard Strauss. J'adore me promener dans les genres de musique et bien sur la musique de Jean Jacques m'influence comme toutes les musiques des compositeurs électroniques que j'observe. Hier je travaillais sur Jingle de 40 secondes de la manière d'un Disc Jokey qui font des remix, j'ai fait ça avec plaisir sans copier quelqu'un, je l'ai fait en utilisant un langage, car c'est un langage, comme je me force actuellement à parler le français, je ne parle pas le français mais j'essaie de m'exprimer, parce que je pense en roumain et je fais une traduction continue.

DF : Le parc Disneyland de Paris proposait auparavant la Main Street Electrical Parade, pouvez vous nous raconter comment vous avez découvert cette parade et sa musique?

VS : Ce qui est intéressant c'est que je n'ai pas vu cette parade ailleurs, je ne connaissais pas cette parade, je ne connaissais rien sur cette parade, d'ailleurs je ne connaissais rien sur les parcs Disney, je ne connaissais rien sur "It's a Small World", rien sur les grands monuments des parcs à thèmes, et quand je dis ça c'est pas une qualité, c'est vraiment une question géographique et culturelle parce que je ne baignais pas du tout dans ce monde la. Donc quand j'ai découvert la parade électrique c'était une figure imposée, on me dit "on va avoir cette parade", je réponds "ok on va avoir cette parade". Je ne connaissais rien, c'était un nom sur un bout de papier, on m'a dit "tu vas voir elle est magnifique". J'ai donc visité les ateliers et je voyais les chars qui ont bien sur été adaptés, refait, etc... Car il y a tout un processus pour adapter la parade chez nous. Ca avait l'air très intéressant et je n'ai pas écouté la musique car on faisait plein de choses à la fois, on avait plein de fourneaux allumés et il fallait voir les gâteaux de tous les cotés. C'est pour cela que j'ai découvert assez tard, et j’avoue que j'adore l'état d'urgence. Il m'arrive même pour les musiques que je dois faire moi même de repousser jusqu'au dernier moment parce que j'ai peur de prendre trop tôt une décision et de la regretter par la suite. Donc pour la parade électrique, elle était la, j'ai attendu et le moment venu j'ai écouté la bande son comme musique, je me suis dit qu'elle est extra, qu'elle est super, j'adore c'est plein d'humour et même je retrouvais Jean Jacques totalement, et je me suis dit "on va s'amuser!". Après j'ai mis en place toutes les pistes de la parade et le problème c'était que, je répète à l'époque c'était très analogique sur des générateurs, sur des lampes, etc ..., et les magnétos étaient de vrais magnétos qui tournaient sur des moteurs avec une bande qui chauffait pour plus ou moins longue, je ne dis pas de très bonne bandes, mais je ne dis pas ça dans l'absolu, on pourrait avoir des modifications. Dans le numérique on peut avoir des modifications, on peut rattraper plus vite le timing, tout ce qui est calcul. Par contre si on avait une bande analogue qui devait tourner en parallèle avec un autre magnéto en synchro, on pouvait avoir des désynchronisations. Quand la musique a été faite dans les années 1970, elle était impeccable, top niveau technologique, sauf que nous avons repris la musique en 1991, donc il y avait 15 ans d'écart, et la technologie avait énormément évolué. Quand j'ai ouvert les pistes, je me suis rendu compte qu'il y avait quelques petits décalages qui ne venaient pas de l'écriture, mais qui étaient des décalages technologiques. J'ai donc eu le plaisir de rentrer dans les entrailles de la musique et de trouver un peu les modalités de ne pas trahir l'auteur mais de correspondre au point de vue technologique à celle des années 90. Pour cela on a resynchronisé, on a transféré sur numérique, et même certains numéros ont été adaptés à notre trajet de la parade. Donc au delà de l'admiration et du plaisir que j'avais de travailler sur la musique, et son contenu, il y avait une dimension technique pour remettre en place et pour travailler la technologie sur des créateurs très technologiques parce que finalement Jean Jacques et ses amis sont, au delà de grands artistes, des compositeurs qui ont une réflexion technique et technologique sur les instruments qu'ils utilisent, et le fait qu'il doivent combiner des sources sonores électroniques, qu'ils doivent les combiner, les mettre en superposition, etc ... Donc je me suis forcé à avoir la même attitude avec le bébé de quelqu'un d'autre, et l'approche fut donc plus intime parce que j'étais obligé d'entrer dans les détails; donc en entrant dans les détails j'ai resynchronisé tout, pour faire que le passage de chaque char qui se promène dans la rue soit complètement synchro avec l'Underliner** qui est diffusé dans la rue. Alors j'avais poussé moi même le travail sur cette parade à plus tard car je travaillais moi même sur la parade de jour qui se basait sur la technologie des années 90, donc avant que je rentre dans les bandes qui venaient des années 70, je voulais déjà maîtriser notre système de parade avec ma propre musique, mes propres arrangements pour me rendre compte des problèmes qu'on pourrait avoir et donc travailler en connaissance de cause parce que lorsqu'on a synchronisé pour la parade, c'était très analogique pour la parade que j'avais moi même écrite donc la technologie n'était pas aussi poussée qu'aujourd'hui. Tout ceci s'est passé l'été 1991, je venais de terminer la parade des classiques Disney (NDLR la première parade du parc DLRP), et j'étais dans un Studio de Paris avec un très bon ingénieur du son avec qui j'ai encore de nombreux contacts, et je synchronisais la première parade malgré la fait que l'on travaillais avec des magnétos qui étaient numériques, mais pour synchroniser plusieurs pistes j'étais obligé de le faire à la main, c'était vraiment à l'oreille. Ca m'amusait beaucoup ! Fort de cette expérience, j'ai repris les bandes de la parade électrique, et ça a été plus vite, je n'étais pas paniqué, j'avais les solutions, je vais comment cela allait fonctionner, et en plus quand la musique est bonne on ne peut pas l'abîmer.

DF : Par contre plus tard vous avez Noelisé la musique de la parade électrique, pouvez vous nous raconter comment vous avez fait, quels ont été vos choix et vos influences pour cette transformation ?

VS : Alors déjà il faut se mettre dans la situation de 1992, on sort la parade, c'est un énorme succès, et on ne pense pas du tout à l'hiver qui va arriver, c'était au mois d'Avril, on se disait qu'on avait l'été devant nous. Pour ma part j'étais prêt de quitter la société, le parc était ouvert et pour moi psychologiquement j'avais un contrat très déterminé, bien que j'avais un contrat à durée indéterminée, dans ma tête je ne voulais rester que 2 ans, j'ouvre le parc et après je part. L'été arrive, on est emballé dans notre projet, comme par gourmandise, on se dit la fête continue. On arrive alors au mois de novembre et à l'époque Noël ne commençait pas début novembre comme maintenant, ça commençait plus tard, et je me rappelle très très bien que Jean Luc Choplin, le vice président spectacle de l'époque, me dit qu'il faut donner une couleur Noël à nos parade, on va faire un char de Noël pour la parade de jour, on va Noeliser un petit peu, mais que faire avec la parade électrique ? je lui ai répondu qu'on pouvait Noeliser. L'état d'urgence existait du fait qu'il m'a annoncé cela très tard. J'avais le sourire en faisant cela car la musique de la parade est tellement joyeuse que je me suis dit on va s'amuser. L'attitude a vraiment été sans des idées préconçue, j'ai laissé tourner la bande, je suis venu dans le studio, j'ai allumé le synthé, je laissais tourner les boucles et j'ai commencé à jouer. Des thèmes sont vite apparus, mais j'ai posé des questions à tous mes collègues. Car j'expliquais que la culture Disney ma manquait par des questions tout à fait logiques mais la culture musicale de Noël aussi. Pour moi existaient quelques thèmes célèbres mais comme on était un pays ou l'on chantait moins Noël, d'ailleurs chez nous on ne l'appelait pas Père Noël, on l'appelait autrement, pour cacher le coté religieux, donc j'avais des doutes sur la mes goûts et la popularité de certaines chansons. Je posais donc des questions à tous mes collègues "Pour Noël, quelles sont les chansons les plus populaires pour toi?" , bah on va me répondre ça et ça, puis je vais me tourner vers un espagnol et lui poser les mêmes questions. Et donc j'étais préparé à cela, car pour le char de la parade de jour, il fallait avoir des "Jingle Bells", des "Oh Tannebaum" etc ... que je connaissais très bien mais je voulais vérifier auprès des autres que c'était bien les titres les plus connus. Plus tard d'ailleurs j'avais fait la réflexion que tout ce qui arrivait derrière le rideau de fer dans les pays de l'est, c'était la crème, autrement dit même à propos de la littérature contemporaine je donne un exemple, en France il y a des milliers de livres qui sortent par an, on est noyé dans les livres sans savoir si c'est bon ou non, si tel ou tel journal, telle ou telle émission est bonne ou pas, et puis à la fin de l'année on peut faire le bilan. Par contre en Roumanie il ne nous arrivait que les bons. Donc c'est ça qui s'est passé avec les chansons de Noel, on ne chantait pas des dizaines et des dizaines de chansons, on restait aux classiques. Donc à l'époque j'étais préparé à Jingle Bells, etc ..et en allumant le synthé pour la parade électrique, j'étais déjà chargé, j'avais déjà quelques thèmes, bien sur j'avais une attitude marketing, la priorité pour moi c'est de donner de la musique Disney, si après le répertoire Disney ne couvre pas le thème, alors on utilise les grands standards, et si le grand standard n'arrive pas à ce que l'on voulait donner, alors on arrive à une musique originale, mais ça n'est pas dès le départ. J'ai travaillé avec Michael Obst, ça a pris plus de temps à trouver la sonorité sur synthé que de savoir quelle seront les notes et à quel endroit de la musique ça sera fait. c'était stimulant, peut être le petit ange était avec nous, comme ça arrive dans la vie de tout à chacun, et ça s'est passé en toute simplicité, je n'ai pas eu l'impression que ça allait rester longtemps. Ca a été la confirmation qu'il n'y a rien de plus périn que le provisoire. On s'est dit qu'on faisait ça pour une seule saison, l'année prochaine on fera quelquechose d'autre, et ça a fonctionné pendant des années, car plus définitif que le provisoire c'est difficile. C'était dans la joie, c'était tout à fait naturel de faire ça, et on ne pensait pas un instant qu'on allait trahir le compositeur. On considérait ça comme une fête, on se voit tous ici, quelqu'un va apporter des olives, qu'on va mettre dans la salade qu'un autre aura apporté, et on va tous faire quelquechose de très cohérent. La cohérence est très importante, parce qu'il faut connaître l'influence que peut avoir quelqu'un. Si on ne connaît pas le langage, c'est pas bon, il ne faut pas faire contre nature. C'est comme des arts martiaux, il faut utiliser l'énergie, il ne faut pas s'opposer à ça. Il faut laisser aller et après la musique va faire son chemin.

DF: Par la suite, on a pu entendre des titres comme " Planes Bikes", "Laser in the Sky Walk", ou "Chante c'est Noel" au synthetiseur, ces titres ont ils été influencés par le style de Baroque Hoedown et de Jean Jacques ?

VS : C'est beaucoup dire que ça part d'un seul titre, je répète Jean Jacques fait parti d'un groupe de musiciens qui pratiquent une musique dont ils ont constitué les bases, les règles du jeu, mais une influence directe je ne sais pas, je continue à dire que je suis influencé par tout le monde, et pour anecdotes " Plane Bikes", c'est une maquette, ce que vous entendez c'est une maquette. Je répète, il n'y a rien de plus définitif que le provisoire, et j'ai fait une maquette et on s'est dit finalement on va l'utiliser comme ça. Pour les "Laser in the Sky Walk" c'était normal de faire ça, c'est les LASER, l'idée de technologie, je ne crois pas que le langage électronique vienne d'un seul morceau, j'évite moi même de citer quelqu'un, sauf si je fais une sorte d'hommage. Bien sur Jean Jacques, son groupe et sa génération ont influencé toute une génération car ils ont créé les bases de ce type de langage, mais ces 2 titres ce n'est pas dans le sens on va faire comme la parade électrique. Je répète, " Plane Bikes" c'était fait pour être fait par un orchestre, pas du tout au synthé, et j'ai décidé de le garder comme ça pour que ça fasse un peu minimaliste. Le "Laser in the skywalk" a été fait ainsi parce que c'était le langage électronique, et la version synthé de "Chante c'est noël", c'est une référence globale, parce que dès qu'on allume le synthé on va se dire que c'est une référence aux années 60-70, donc oui il y a une influence mais dans le sens direct, pas dans le sens ou l'on veut faire comme "Baroque Hoedown", il y a une référence culturelle, un mélange de tout. Quand on s'inspire d'un seul morceau on dit que c'est un plagia, quand il y a en a 2, on dit que c'est pas mal, quand il y a 3 on dit quelle culture générale, quand il y a 5 influences ont que c'est une grande originalité. J'étais éditeur et j'ai beaucoup écouté de musiques nouvelles qui sortaient de premières éditions, c'est pour cela que si on n'a pas un petit cynisme pour cela, ça ne marche pas.

DF : Vous avez eu l'occasion de rencontrer Jean Jacques Perrey, pouvez vous raconter comment s'est déroulé cette rencontre, quelles ont été vos impressions par rapport à l'homme qui se trouvait face à vous ?

VS : Je reviens sur le fait que j'étais ravi de le rencontrer, je crois que c'est une très forte personnalité dans le sens très beau du terme, et je crois qu'on retrouve en lui en le rencontrant sa musique, il est comme ça dans la vie, il est plein d'intelligence, il est plein d'humour, il est très positif, et désireux d'être en contact avec les autres. Et quand je dis en contact avec les autres, je l'ai vu entouré de très jeunes avec qui il travaille toujours, et j'étais absolument ravi de cette rencontre, d'ailleurs merci à vous de nous avoir mis en contact et on s'est vu ici, malheureusement je n'avais pas plus de temps pour cela. On dit en général pour certains créateurs qu'il ne faut pas les rencontrer, il faut écouter leurs musique, voir leurs films, voir leurs pièces de théâtre, lire leurs livres, mais il ne faut pas les rencontrer parce que des fois on est complètement déçu et c'est à juste titre d'ailleurs que je me cache en général, pour être moins vu, mais Jean Jacques est parfaitement cohérent avec l'idée de charme que sa musique génère et c'était en parfait harmonie avec sa musique. Ca m'a fait plaisir, car comme tout le monde je n'aime pas être déçu, et au contraire, je suis sorti de cette rencontre rassuré comme quoi la nature humaine est belle.

Tous mes remerciements à Nadim Tawil, Aurélie Massin, Estelle Champeau, Michael Obst et Vasile Sirli.

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